Si j’avais à choisir une “poster girl” pour ma chronique Passions: 100 façons, j’opterais pour Karine Barrass, une artiste qui a su créer des ateliers pour aider les jeunes à se connecter avec ce qu’ils aiment en explorant ce qu’ils ont de plus personnel: leurs cinq sens.
J’ai connu Karine Barrass il y a plusieurs années dans le contexte du bénévolat de parents de l’école Gabrielle-Roy. J’accompagnais l’artiste Paul Walty dans ses ateliers d’animation. Karine donnait gracieusement des ateliers de photographie à toutes les classes de l’école. Nous avions ensuite organisé une soirée commune de “première” mettant en vedette photos et courts films d’animation des jeunes artistes.
Déjà à cette époque, lorsque la photographe parlait de l’enthousiasme des enfants qui se découvraient “un oeil” pour la photo, elle plissait les yeux en repensant à leur joie et ronronnait de satisfaction.
Je ne réalisais pas que j’assistais à la naissance d’un projet allumé qui impliquerait les 5 sens: l’odorat, l’ouïe, le goût, le toucher et la vue.
Suivre son nez
Un des ateliers les plus originaux qu’elle donne initie les enfants à la parfumerie. Il se trouve que Karine est parfumeur diplômée d’une des écoles de Grasse, la capitale mondiale de la parfumerie!
Je savais que Karine avait “du nez”. Lors d’une rencontre de parents bénévoles dans un café local, elle nous racontait à quel point l’odorat était important pour elle. Toute petite, il lui fallait continuellement sentir les aliments avant de les goûter, ce qui lui a valu le surnom de “la souris”.
S’ennuyant de sa mère outremer, elle lui a un jour demandé de lui envoyer un objet personnel qu’elle pourrait sentir. Sa mère s’est exécutée. Puis Karine nous a dit que depuis, quand sa mère lui manque, elle sort d’une boîte les dents de sa mère pour les sentir...
À ma défense, le café était bruyant et la soirée arrosée d’alcool. Bref, j’ai fini par comprendre qu’il ne s’agissait pas des “dents” de sa mère mais bien de ses “gants” de cuir souple. Fiou!
Tout ça pour dire que Karine est passionnée des odeurs et qu’elle a choisi de se payer un cours de parfumerie à Grasse. Elle a suivi son nez, pas pour en faire une carrière, mais pour vivre pleinement son plaisir.
L’an dernier, alors que Jocelyne Auger, la directrice de la Mosaïque, me faisait faire une petite tournée de l’école, j’ai retrouvé Karine en plein atelier dans une classe, si absorbée dans sa conversation avec les enfants qu’elle n’a même pas réalisé que nous étions entrées.
Ils parlaient des souvenirs rattachés aux odeurs, ce que l’artiste appelle les chemins olfatiques de la mémoire et ce qui constitue un des volets les plus importants de ce genre d’ateliers. (Apparemment, il faut parler de nos vies pour se créer un parfum qui nous est propre!) Quand on parle de choses personnelles en groupe, on en apprend un peu plus sur chacun et ça resserre les liens.
C’est une des raisons pour lesquelles des organismes professionnels requiert aussi les services de Karine pour offrir ce type d’activité à leurs employés.
Un hobby qui donne le goût
Le volet “goût” s’est ajouté par hasard. Lorsqu’elle travaillait pour les chambres de commerce, Karine était en contact avec des chefs cuisiniers qui l’ont initiée aux “semaines du goût” en France, qui sont devenues sa nouvelle passion à chaque fois qu’elle retournait en Europe.
Encore une fois, elle s’éduquait sur un sujet qui l’intéressait, sans agenda autre que la culture personnelle. Il faut dire qu’elle avait déjà un grand intérêt pour la cuisine, développé entre autre grâce à une grand-mère qui “vivait ses recettes”.
Des ateliers touche-à-tout
Éventuellement, ne travaillant que quatre jours semaine dans l’organisation d’événements pour la Franco-Fête, elle a eu l’envie d’utiliser ses vendredis libres pour donner des ateliers de photo dans l’école de ses enfants.
Voyant combien elle attendait ses vendredis de bénévolat avec impatience, elle a décidé de chercher à travailler plus activement avec les enfants. Un poste d’animatrice culturelle s’est ouvert dans le conseil scolaire Via Monde, qu’elle a décroché. Y’a pas de hasards.
Constatant combien les styles d’apprentissages des enfants étaient variés, l’artiste a eu envie de pousser plus loin l’exploration des sens. Elle a mis au point des ateliers de peinture gustative dans lesquels les enfants créaient de beaux tableaux colorés avec des fruits et des légumes... qu’ils mangeaient ensuite (après avoir pris le temps de bien les photographier). Elle a conçu des ateliers de langage corporel, de musique.
L’artiste voit plus loin
De la même façon que les gens se développent de plus en plus un goût pour les spectacles de maison, il semblerait qu’ils ont envie de vivre des expériences variées dans l’intimité de leur salon. (La semaine dernière, une jeune femme dans la trentaine me disait justement qu’elle et ses copines se faisaient une soirée de “krafts & wine” chez l’une d’elles.)
Karine se propose de créer des “soirées des 5 sens” pour les groupes de cinq à dix adultes. Une façon de faire quelque chose de différent chez soi, avec ses amis, dans un cadre ludique. Elle entrevoit des soirées de création de parfum, des soirées de création/dégustation. Elle imagine des soirées d’image impliquant une table tournante en peinture, des shoots de photos et des changements d’activités à toutes les 10 minutes. Êtes-vous aussi intrigués que je le suis?
Ses services inclueront le coût du matériel. À titre d’exemple, il en coûtera environ $150 par personne (cinq personnes minimum) pour une soirée de création de parfum, l’atelier requiérant le matériel le plus dispendieux. Au terme de la soirée, les participantes repartiront avec un joli flacon contenant 50 ml de parfum de qualité reflétant leur histoire personnelle... qu’elles n’auront qu’à ouvrir pour se rappeler une soirée mémorable entre copines.
No comments:
Post a Comment