Tuesday, April 16, 2013

Johanne Pepin: illustratrice

Le pouvoir d’une boîte de Prismacolor
Portrait d’une passionnée de l’illustration
(adaptation de l'article paru dans L'Express de Toronto du 16 avril 2013)

Nous, les parents, avons souvent le réflexe de miser sur les cours coûteux pour aider nos enfants à développer leur talents. Mais les éléments déclencheurs qui leur feront découvrir une passion sont parfois aussi simple qu’une belle boîte de crayons Prismacolor, un coin de table de cuisine et le regard d’une mère heureuse qu’on existe.

Ce fût le cas de Johanne Pepin, l’illustratrice avec laquelle je travaille toutes les fois que l’occasion se présente depuis plus de vingt ans et qui lancera son exposition solo le 28 avril prochain (se poursuivant jusqu’au 9 juin) au Musée régional de Vaudreuil-Soulanges

Sur les bancs d’école
Déjà au primaire, la petite Johanne jetait un oeil critique sur les illustrations dans ses livres d’école. Elle aimait les beaux dessins de Jeannot et Jeannette en géographie et se disait qu’un jour elle aussi serait “dessinatrice”.

Adolescente pragmatique (voyant que les faits semblaient donner raison à sa famille soutenant qu’une graphiste, ça gagne sa vie, mais pas une artiste) elle choisit de s’inscrire en graphisme au cégep du Vieux-Montréal.

Chassez le naturel...
L’artiste réalise rapidement qu’elle ne peut réprimer sa fantaisie. Elle plonge et se définie maintenant comme une illustratrice. Décision qu’elle n’a jamais regrettée.

Implantée dans le Vieux-Longueuil, la jeune femme commence tranquillement à tisser les liens avec sa communauté. Elle illustre l’un des beaux édifices historiques de la ville pour un organisme. Le fleuriste local dont elle est cliente lui donne des contrats. Les Beaudry, propriétaires de la discothèque L’Arcane et du bar Sept (deux institutions dynamiques du Vieux-Longueuil), séduits par son travail, lui donnent une série de contrats d’illustrations pour cartons d’invitation et affiches de soirées thématiques.



Le début d’une belle collaboration
C’est là que nos chemins se croisent. Quand j’étais étudiante, je travaillais comme serveuse à l’Arcane (que de plateaux renversés... définitivement pas ma profession). J’avais toujours hâte de voir la prochaine illustration que Johanne Pepin nous ferait et me promettais d’un jour travailler avec elle.

L’occasion s’est présentée six ans plus tard alors que je travaillais en marketing pour l’APCHQ (Association Provinciale des Constructeurs d’Habitations du Québec) sous la direction passionnée de Lucie Daoust. Quand elle m’a annoncé qu’on investirait dans un cahier spécial dans La Presse en l’occasion du Mois de la maison neuve, j’ai enfin pu commander à Johanne une illustration (pour la page couverture du cahier). 

Ma directrice et moi avions “brainstormé” une promotion permettant aux nouveaux propriétaires de maison de recevoir un coupon de 25$ pour l’achat d’un arbre chez Botanix, avec lesquels Lucie s’est empressée de négocier. Pour l’affiche promo et les annonces, Johanne a créé une adorable maison dans les arbres, qui lui a inspiré plusieurs oeuvres par la suite (j’en ai une sur mes murs). La campagne fût un grand succès.

L’essayer, c’est l’adopter
En 1995, quand j’ai initié les quatre années de recherche pour réaliser la première édition de mon guide Toronto Fun Places, je savais déjà que Johanne Pepin en ferait la page couverture. (Elle a depuis fait les couvertures de mes trois guides.)

Les autres clients de l’artiste lui sont tout aussi fidèles. Parmi ceux avec lesquels elle travaille depuis plus de vingt ans, il y a son premier “vrai” client, pour lequel elle vient de terminer un contrat pour le dictionnaire illustré Le Myosotis (conçu spécialement pour l’apprentissage du français langue seconde et soutenu par une foule d’outils pédagogiques).

Suite à l’exécution d’une belle vache faite pour une comptine publiée par La courte échelle, la Fédération des Producteurs de Lait du Québec a sécurisé les services de Johanne pour illustrer une foule de brochures et de matériel scolaire visant à établir son branding. Ça tombait bien, Johanne a toujours adoré les vaches. (Quand j’ai visité sa petite maison à la campagne, il y avait le “cut-out” grandeur nature d’une de ses vaches dans son jardin. Johanne Pepin est une artiste à l’originalité discrète.)

Le bonheur des petites villes
Établie depuis des années dans la petite ville de Coteau-du-Lac, tout près de Vaudreuil-Dorion au Québec, l’artiste a continué de s’impliquer dans sa communauté. “Quand tu habites dans une petite ville, tu croises le maire à l’épicerie, sa femme au gym. La responsable des loisirs devient ton amie. L’implication est concrète et directe”, explique Johanne.

Elle a fait l’affiche du Marché champêtre de la région. La municipalité lui a commandé une série de quatre grandes affiches pour une campagne de civisme dont les habitants se rappellent (voir l’article du Journal L'étoile). Elle a illustré des t-shirst de camp de jour, fait le logo d’une maternelle locale...

Des oeuvres qui font du bien
Pierre Cousineau est un entrepreneur qui a du flair... et du coeur (il était fait pour s’entendre avec Johanne Pepin). Il est à la tête de muralunique.com (une compagnie spécialisée dans la production de tableaux-murales sur papier peint pré-encollé faciles à installer soi-même). Pour lui, Johanne a réalisé plusieurs toiles grand format, joyeuses et colorées, dont il a tiré de belles murales qu’on peut acheter en ligne.

L’homme d’affaire a eu la bonne idée de demander à Johanne une série de toiles qu’il a reproduites en murales et offertes à l’Hôpital Ste-Justine, pour apporter du réconfort aux petits visiteurs. 

On peut voir des photos des murales sur les murs de l’hôpital dans un article du Journal Première Édition de Vaudreuil-Dorion dans lequel une représentante de l’hôpital commente: “C’est incroyable de voir l’impact et les commentaires reçus en rapport à ces toiles. Parce qu’elles sont remplies de détails fascinants, elle captent l’attention des enfants et les calment. En plus, elle mettent de la vie pur le personnel de l’hôpital. Elle fait, elles ont presque un effet thérapeutique.”

Bonheurs d’enfants
Pas étonnant que la nouvelle exposition de Johanne Pepin au Musée régional de Vaudreuil-Soulanges (dans laquelle elle présentera une trentaine d’oeuvres petites et grandes, exécutées à l’acrylique sur toile ou à l’aquarelle) s’intitule Bonheurs d’enfants.

“J’ai maintenant la chance d’avoir des petits-enfants que j’appelle mes museaux (mes petites muses). Ils sont une source d’inspiration qui me replonge dans mes propres bonheurs d’enfant.” me confiait l’artiste. 

“Mes plaisirs et mes joies sont faits de toutes petites choses, comme la fois où mon petit-fils Julien m’avait cueilli une tomate-cerise, qu’on a dégusté en cachette pendant que les autres nous cherchaient. Je regarde les petites mains de Simone qui sert le thé à ses toutous... A travers ma fascination pour l’enfance, il y a aussi mes valeurs de vie simple, de prendre soin de ceux qu’on aime. La sensualité au quotidien, la gourmandise et la beauté. Je m’émerveille de plein de choses: le soleil dans la cuisine, l’air frais sur ma joue, les tiges de pommiers quifleurissent dans un pot, l’eau d’un lac ou d’un ruisseau, les bébés.”

Et l’artiste de conclure, reconnaissante: “Dans mes tableaux, j’arrive à exprimer ce que je ne dis pas avec des mots. Je suis chanceuse.”

Pour voir Johanne durant la conception de la couverture de Toronto Urban Strolls 2, voyez cette chaîne de blogs:
The making of Toronto Urban Strolls 2

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