Le fabuleux destin d’une scène de cinéma
Il y a parfois de ces petites scènes qui résonnent avec une partie de nous-même cherchant à s’exprimer. Scènes qu’on garde au fond de soi et qui, un jour, remontent à la surface pour nous motiver à passer à l’action.
Cette semaine, mon amie d’enfance (à l’autre bout du fil... et du pays) m’a raconté une anecdote qui m’a fait réaliser l’impact du cinéma dans nos vies.
Balade en ville
Mon amie donnait le bras à sa belle-mère. C’était une bonne journée. Sa belle-mère, souffrant d’Alzheimer, était heureuse de faire du lèche-vitrine avec cette gentille “étrangère” en ce beau jour froid mais ensoleillé.
Alors que ma copine faisait la conversation en anglais avec son fort accent québécois, les deux femmes ont croisé un aveugle qui venait à contre-sens, armé de sa canne blanche. Elles lui ont cédé le passage, puis ont traversé la rue aux feux de circulation.
Même scénario de l’autre côté. En pleine conversation, elles croisent à nouveau l’aveugle. Le monsieur, reconnaissant l’accent de mon amie, s’arrête, confus. A-t-il vraiment traversé la rue? Ou bien serait-il revenu sur ses pas, là où il avait croisé ces deux femmes précédemment? Il les interpelle et demande s’il est bien du bon côté pour trouver un commerce précis.
Mon amie d’enfance regarde à droite et à gauche. Elle repère au loin l’enseigne de la boutique en question. Puis, une scène de film lui revient en tête.
Moment d’inspiration
Elle y puise son courage et, sourire en coin, avec l’approbation de sa belle-mère, propose au monsieur de le guider jusqu’au dit commerce.
Donnant son bras libre à l’aveugle, ma copine se lance dans une adaptation de sa scène préférée tirée du film Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain.
Tout en marchant jusqu’au magazin voulu, elle lui a tout décrit ce qu’elle voyait, à grands renforts de détails amusants et de commentaires vivides: les vitrines sur le chemin, les aubaines affichées, les gens dans le café local, les couleurs, la lumière...
L’aveugle est arrivé à destination, surpris et ravi. Sa balade urbaine venait de prendre une dimension plus riche, grâce au bon vouloir de cette samaritaine remplie de joie de vivre. Et la belle-mère de mon amie était tout aussi revigorée par cette aventure improvisée, ancrée dans le moment présent.
Amélie Poulain n’aurait pas fait mieux
J’ai retrouvé le clip de cette scène qui a inspirée ma copine. Vous n’avez qu’à googler “Amélie Poulain scène aveugle”.
Amélie y guide effectivement un aveugle dans une rue regorgeant de stimulis visuels. Dans un montage fantastique, on voit le visage radieux du vieil homme pour qui tout prend vie à travers les descriptions d’Amélie: “Tiens, l’enseigne de la boucherie chevaline a perdu une oreille. Celui qui rigole, c’est le mari de la fleuriste. Il a de petites rides de malice au coin des yeux. Chez le boucher, y’a un bébé qui regarde un chien qui regarde les poulets rôtis...”
Elle le laisse devant une bouche de métro. La caméra monte au dessus de la scène et redescend pour un dernier gros plan sur l’aveugle qui regarde au ciel, tout réchauffé de ce bain d’humanité, le visage illuminé d’une sorte de feu sacré.
N’eut été du film d’Amélie Poulain créé en 2001, je ne crois pas que ce beau moment aurait eu lieu en 2013. C’eut été dommage...
Autre exemple?
Un autre exemple d’impact du cinéma dans nos vies? Pay It Forward, mettant en vedette Kevin Spacey et Haley Joel Osment.
Tiré du livre du même nom de Catherine Ryan Hyde, ce film a tellement inspiré les gens qu’on assistera à une journée mondiale Pay It Forward le 25 avril prochain. Le site web Pay It Forward Experience (pifexperience.net) rescence toutes les actions et activités inspirées de ce film depuis sa sortie en 2000.
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Quelle belle chronique, Nathalie ! J'avais adoré le film Amélie Poulain ! :)
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